Nam septembre 2024

Date de parution: 8.09.2024

éditorial
La milice à la hauteur des enjeux

Alors que la situation stratégique mondiale se détériore, notre armée est de plus en plus mise à contribution. Les engagements subsidiaires de sûreté se sont multipliés ces dernières années, en particulier pour protéger des conférences internationales en appui aux autorités civiles. Leurs enjeux toujours plus grands confrontent la troupe à une menace que nous n’avions pas connu depuis des décennies. L’armée est de plus en plus souvent sollicitée dans le cadre de l’aide en cas de catastrophe, tant à l’étranger qu’en Suisse où les conséquences du réchauffement climatique sont particulièrement visibles. Le retour de la guerre en Europe ne met quant à lui pas fin aux missions de promotion de la paix, bien au contraire. Elles sont aujourd’hui plus que jamais indispensables pour éviter que des régions autrefois marquées par la guerre ne redeviennent un terreau fertile pour ceux qui veulent diviser et déstabiliser. 

Appuis subsidiaires, gestion de la pandémie, prestations au profit des manifestations civiles, appui au Secrétariat d’État à la migration et bien d’autres, tous ces engagements et prestations sont effectués à la grande satisfaction des autorités, souvent avec un équipement largement insuffisant. 

Leur dénominateur commun? Ils ont été exécutés par une armée de milice. Le citoyen-soldat démontre au quotidien sa grande disponibilité, son adaptabilité, sa discipline et sa capacité à remplir des missions exigeantes avec un professionnalisme comparable à celui des armées de métier.

La notion de système de milice repose sur l’idée «républicaine» selon laquelle le citoyen qui en a les capacités doit assumer des charges au service du bien commun. Appliqué à l’armée, ce principe permet à la Suisse de disposer d’une réserve stratégique à géométrie variable et adaptée au contexte social et politique de notre pays, où chaque individu renforce le collectif militaire de son savoir-faire civil.

Pour que cette armée soit à la hauteur des enjeux, elle requiert néanmoins des citoyens éclairés, impliqués et conscients de leurs responsabilités. En donnant corps aux problématiques politiques, financières doctrinales et sociales traversant l’histoire de l’institution militaire, les revues comme Nam y contribuent grandement. Depuis la création de l’état fédéral en 1848, tant de débats fondamentaux sur l’armée entretenus par des miliciens ont été discutés dans les pages des revues militaires. Aujourd’hui encore, leur activité est plus que nécessaire pour impliquer les citoyens dans les transformations attendant notre armée à l’heure du renforcement des capacités de défense de notre pays. 

Plus grand monde ne remet en cause l’armée de milice. Mais pour qu’elle soit à la hauteur des enjeux sécuritaires de demain, des investissements substantiels doivent être faits. Le renforcement de la capacité de défense ne se fera pas sans sacrifices ni choix politiques et démocratiques. Après 50 ans, le rôle de Nam, revue à hauteur d’homme dans le paysage médiatique militaire suisse, est donc toujours aussi important pour convaincre le citoyen de l’importance du soldat.

Commandant de corps Michaud
Chef du commandement des Opérations