Nam décembre 2022

Date de parution: 11.12.2022

éditorial
Quelle année?!

A peine sortis de la COVID, le combat pour sauver la planète, la guerre en Ukraine, en particulier les menaces du Président Poutine de recourir à l’arme nucléaire tactique ou stratégique, suscitent la peur en Europe. Les USA, pourtant empêtrés dans des difficultés internes considérables auxquelles M. Steve Bannon et d’autres personnages et pas des moindres, ne sont pas étrangers, déploient des efforts tout à fait considérables pour pallier les insuffisances des pays européens en matière de défense. Depuis la chute du Mur de Berlin en effet, nous avons cru, en Europe, à l’existence d’une paix perpétuelle et avons réduit les budgets militaires d’une façon drastique. Les USA font preuve d’une capacité d’adaptation remarquable économiquement et militairement, trouvant des ressources insoupçonnées pour armer l’Ukraine, la soutenir, la conseiller, la faire bénéficier de leurs services de renseignement et de leurs capacités dans la gestion des satellites de communication ou de surveillance. 

On peut déplorer qu’ils aient parfois franchi la ligne, en Irak où, avec le Royaume Uni, ils semblent avoir inventé de toutes pièces la fausse information sur les armes de destruction massives de M. Saddam Hussein. On se souvient de M. Colin Powell brandissant devant l’ONU une fiole dont le contenu était ce qu’on appelle maintenant un «fake» au Kosovo en Serbie ou ailleurs, pour s’être affranchis de l’autorisation de l’ONU tout comme M. Poutine ne s’en est pas soucié pour attaquer son voisin. Comme la France en Libye, la Turquie avec les Kurdes, les Chinois avec les Ouïgours, sans parler de certains Etats africains qui, au gré des révolutions de palais, se complaisent à donner les pires exemples. Ces précédents autorisent la très grande majorité des citoyens russes à prétendre que leur président n’est pas le seul à avoir choisi la guerre pour soi-disant défendre leur pays mais en réalité pour assumer ce qu’il croit être son destin national, sa mission sur cette terre.

Qu’advient-il de nous au milieu de cette agitation?

Le Conseil fédéral, à un aspect près, celui de la gestion des masques, a bien géré la crise de la COVID. Mais quid s’agissant de la guerre sur notre continent? A vrai dire, faute d’être mieux renseignés, les habitants de notre pays ne donnent pas vraiment l’impression d’être inquiets ni de se soucier de ce qui va peut-être arriver. On espère que l’armée, après l’abolition de l’énorme travail que représentait la mobilisation, a trouvé le mécanisme qui l’a remplacée. On espère aussi qu’il y a dans la réalité suffisamment d’hommes et de femmes dans les corps de troupes pour correspondre à ce qui est annoncé sur le papier et que les armes, les munitions, les véhicules, moyens de liaison, etc. sont maintenant en suffisance. On peut en douter vu que, en Suisse aussi, ceux qui croient avoir le monopole des bonnes âmes, ont régulièrement et consciencieusement fait en sorte de réduire les budgets de l’armée au cours des dernières décennies. En d’autres termes, les pacifistes sont dangereux.

Nos journalistes ne paraissent pas se soucier exagérément des dangers et c’est bien ainsi car il n’est pas bon d’apeurer la population. Les politiciens ne se font semble-t-il pas non plus beaucoup de soucis. Pour beaucoup d’entre eux, le must est de sauver la planète. Le monde moderne semble ne pouvoir vivre que dans l’affrontement permanent, au point que le débat devient stérile et que, si chacun y trouve son clan, cela n’aide pas à nous faire une opinion.

Même si, en Europe surtout, le nombre de petits États ne cesse d’augmenter, notre pays reste trop petit pour pouvoir faire la leçon au reste du monde. Ce qui convient aux grandes ou moyennes puissances serait perçu comme ridicule à notre échelle. En d’autres termes, la neutralité qui nous a été imposée en 1815 nous convient globalement et nous permet même d’atteindre l’excellence. Bien sûr, il y a des situations qui sont à la limite de nos possibilités. Comment rester neutres lorsque le monde occidental impose des sanctions dans tous les domaines. La Suisse doit interdire que ces sanctions ne soient contournées au travers de son territoire. Plus généralement, certains s’étonnent régulièrement que la Suisse continue à vendre des armes à des États qui ne s’en serviront en principe jamais alors qu’elle s’interdit – avec raison très probablement – d’en vendre aux États qui en ont besoin parce qu’ils sont en guerre. Hypocrisie ou commerce? Tout simplement du réalisme. Dans ce domaine aussi, le Conseil fédéral a su manœuvrer avec habileté. L’opinion prévaut toujours dans le monde que notre contribution réside pour l’essentiel dans des activités humanitaires. C’est vrai et c’est très bien ainsi. 

Encore que, dépositaire des Conventions de Genève, notre pays devrait se doter des moyens de les faire respecter. Or la Russie, membre du Conseil de sécurité, qui devrait donc respecter la Charte des Nations Unies et un certain nombre de conventions auxquelles elle a souscrit, semble les violer avec une désinvolture qui traduit le mépris qu’elle leur attribue. Elle n’est pas la seule au demeurant. Notre position devrait probablement être plus proactive devant cette situation.

Certains reprochent au Président Obama d’avoir donné un très mauvais signe à M. Poutine en ne réagissant pas lorsque la ligne rouge qu’il s’était fixée en Syrie, sauf erreur le non-usage des armes chimiques, a été franchie. D’aucuns y voient un manque de fermeté et un «nihil obstat» délivré au gouvernement russe au moment d’entrer en Ukraine. Tel est peut-être le cas. Mais les leçons qu’on peut en tirer dépassent très nettement les possibilités d’un Etat qui, tout en s’intéressant au reste du monde, doit faire preuve de modestie lorsqu’il s’agit de nous mouvoir dans ce qu’on appelle encore le concert des nations.

Lt-col P.-A. Treyvaud

Président de l’Association de la revue Nam

sommaire

Or donc...

4

Le monde bouge, les crises s’enchevêtrent...

En vrac...

5

Nam fait le point.

Chronique fédérale

6

Service militaire des femmes: obligation ou volontariat?

Mil@CampusLausanne

8

La société des officiers et militaires du campus universitaire.

Armée 2.0

15

Commandement Cyber et livret de service électronique parmi les nouveautés 2023.

Rapport annuel

16

La police militaire à Brigue.

Amis du Fort de Pré-Giroud

18

Les aléas de la neutralité.

Div ter 1

19

«Lunch event» avec les officiers genevois et les autorités politiques.

Le sous-officier

25

Hommage à l’adj sof Georges Bulloz et passage de témoin à la CISOR.

Revue Notre Armée de Milice
Jean-Hugues Schulé
info@revue-nam.ch
+41 24 426 09 39