Nam avril 2021

Date de parution: 16.04.2021

éditorial
Pour une meilleure gestion de crise par la Confédération

Si la Société suisse des officiers (SSO) a, dès le début de la pandémie il y a un an, salué la capacité du Conseil fédéral à faire face à la crise, aujourd’hui elle observe avec une inquiétude grandissante une gestion de crise qui vacille. Ce n’est pas le fédéralisme qui est en cause – pour la SSO, c’est même au contraire un facteur de succès; mais c’est notre gestion des risques et des crises, alors exemplaire autrefois au plan international, qui n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même.

Dans les années 1990, la Suisse disposait encore d’un système élaboré de formation aux situations de crise et, surtout, axé sur la pratique et éprouvé. Avec ses exercices de défense générale de type militaire, notre pays a longtemps bénéficié de processus de conduite systématiques, de vaste portée et efficients. Aujourd’hui, en pleine pandémie du coronavirus, que reste-t-il de cette gestion de crise bien conçue? Bien peu de choses, malheureusement.

 

Le leadership administratif comme expression du malaise

Depuis la fin de la guerre froide, après de nombreuses réformes de l’armée – pour la plupart infructueuses – et de longues périodes de beau temps, la Suisse a cru bon de brader les principes de la conduite militaire. L’action de débarras s’est déroulée de façon presque inaperçue. Au vu de la situation actuelle, la facture est douloureuse. Alors que ces principes se sont imposés comme fondements du leadership dans le monde économique, il en est allé différemment dans l’Administration fédérale, où les principes et structures de la conduite militaire ainsi que la culture des exercices ne sont pas vus d’un bon œil. La gestion de crise dans la pandémie actuelle est principalement du ressort des autorités et instances civiles. Dans cette crise, toutes semblent vouloir être sous les feux de la rampe et toutes veulent se distinguer les unes des autres, apparemment en défendant d’abord leurs propres intérêts. Comme nous le démontre la crise actuelle du coronavirus, ce qui fonctionne au plan cantonal, à savoir la coordination globale des processus décisionnels et de l’allocation des ressources, ne fonctionne pas dans la Berne fédérale. La Confédération ne maîtrise pas sa gestion de crise. Il y a un besoin urgent de réformes.

 

Moderniser les cultures de l’exercice et de la crise

Le mal qui frappe la gestion de crise niveau fédéral plonge ses racines notamment dans le fait qu’aujourd’hui pratiquement plus personne au sein de l’Administration fédérale ne bénéficie d’une formation complète et cohérente en matière de conduite – comme celle qu’assure une carrière d’officier, ou ne dispose pas du discernement nécessaire pour procéder à des évaluations complètes de la situation et appliquer des processus de conduite systématiques en situation de crise. La SSO ne préconise pas de militariser la politique et l’administration. Non. La SSO attend de la compétence en matière de leadership, afin que soient garanties une utilisation complémentaire des ressources civiles et militaires, le recours à des outils et des processus de conduite uniformes, une définition des interfaces les plus importantes et l’utilisation d’un même langage. On ne peut faire l’économie de la mise en place d’un organe de gestion de crise fort et centralisé au niveau fédéral, qu’il s’agisse d’un État-major fédéral ou d’un État-major de conduite. Un tel organe conserverait la vue d’ensemble et coordonnerait les processus pertinents en cas de crise.

 

Simplicité, clarté et recherche de l’excellence

La voie vers une meilleure gestion de crise au niveau fédéral pour faire face aux menaces complexes et futures n’est en aucun cas impraticable. Elle nécessite des structures simples et légères. Pour cela, nul besoin de réinventer la roue. Il suffit de disposer de deux choses: d’une part de la volonté de viser l’excellence, et d’autre part de la capacité de performer à haut niveau, même en temps de crise. Dès lors, la SSO souhaite que les personnalités qui font l’Administration fédérale adoptent une approche plus réfléchie de l’armée et un comportement moins crispé à l’égard de ses représentants. Même le DDPS et le commandement de l’armée devraient, au vu des services rendus, être bien plus confiants dans leur valeur intrinsèque en situation de crise. Nous devons viser une structure uniforme de gestion de crise pour la Suisse, que ce soit en situation normale, particulière ou extraordinaire. C’est jouable, faisons-le.Col EMG Stefan Holenstein, président de la SSO, 22.03.2021

sommaire

Or donc...

4

Examen de l’état de nos cinq sens: vue, odorat, goût, ouïe, toucher.

En vrac

5

5000 jeunes recrues ont passé leurs trois semaines d’école de recrues à la maison, en télétravail.

Chronique de MMG

6

S’arrêter pour faire le point de sa situation et fixer de nouveaux objectifs.

Corona 20

15

Les cuisiniers de l’armée ont assuré la subsistance des militaires engagés au service d’appui et dans les écoles.

Promotions

16

Promotions dans le corps des officiers et des sous-officiers.

Recrutement

18

Hausse du taux d’aptitude au service militaire en 2020.

Demandes de congé

19

Une application digitale pour faciliter et standardiser les demandes.

Revue Notre Armée de Milice
Jean-Hugues Schulé
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