Dans cette édition...

Date de parution: 20.03.2017

éditorial
Joker! mon Capitaine

«Soldats, la situation s’est aggravée sur le front Est. La montée en puissance de la Russie fait craindre le pire et tous les Etats-majors européens sont en alerte. Cet après-midi nous allons étudier les implications de cette menace pour la Suisse, ensuite nous partirons en reconnaissance pour un petit exercice de nuit. Des questions?» «Joker! mon Capitaine. Demain j’ai mon anniversaire et je sors avec ma copine!»

Il est à peine surréaliste, ce dialogue entre le commandant et ses recrues, mouture 2020. L’armée suisse a des bleus à l’âme et cherche désormais à se rendre plus attrayante aux yeux des jeunes générations. Les «congés joker», à savoir obtenir un congé sans avoir à se justifier, sont une des mesures à l’étude. Il y en a d’autres (lire la Chronique fédérale).

Le nouveau chef de l’armée, le Commandant de corps Philippe Rebord, ne le cache pas: «Aujourd’hui, il y a trop d’exemptés et le service civil est trop attrayant.» Le phénomène n’est pas propre à la Suisse. Les Anglais recrutent dans les prisons et les Suédois viennent de décider de réintroduire l’obligation de servir sous les drapeaux dès cet été; une obligation qui, soit dit en passant, concerne aussi bien les jeunes filles que les jeunes hommes.

Le service est entré dans une nouvelle ère, pleine de surprises et de contradictions. D’une part, les grandes puissances gonflent leurs budgets militaires, les tensions et les conflits s’accroissent sur la scène internationale, les ambitions territoriales sont froidement affichées, le terrorisme gangrène la société civile et la cyberguerre poursuit son œuvre de déstabilisation. D’autre part, la notion de patrie, de service à la communauté, de défense des valeurs essentielles s’étiole au nom de la liberté individuelle, de l’épanouissement personnel dans un monde interconnecté, où le virtuel est souvent plus fort que le réel. 

Rien ne sert d’aller contre l’évolution des mœurs. Il faut au contraire savoir s’adapter pour être en mesure de relever les nouveaux défis. En terme de sécurité, si le renouvellement et la modernisation des armes sont importants, l’instruction et la conduite le sont tout autant. Par conséquent, il est parfaitement justifié de chercher à motiver, à susciter l’adhésion aux enjeux sécuritaires.

Reste que ces efforts d’adaptation ne doivent pas se faire au détriment des exigences élevées que représente la défense du pays. En temps de crise, les conditions extraordinaires réclament un engagement extraordinaire. Et c’est ce qu’il faut préparer. Le confort personnel doit aussi savoir s’effacer au profit du bien commun, car la réalité sur le terrain est en train de rattraper la fiction.

Les beaux jours qui ont suivi la fin de la guerre froide ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Les appétits des grandes puissances ont relancé la course à l’armement et les provocations se succèdent de tous côtés. En Europe du Nord, la Suède est à portée de canons de la Russie. Seules la mer baltique et la Finlande les séparent. L’OTAN a d’ailleurs renforcé sa présence dans les pays baltes et passé un accord de coopération avec Stockholm, lui permettant de déployer des troupes. Par ailleurs, les municipalités sont chargées de se préparer à la guerre, en appliquant une stratégie de défense totale.

Et ne parlons pas de la Crimée, de l’Ukraine, de l’Afrique du Nord, des deux Corées ou des îles japonaises revendiquées par la Chine. Globalement, la situation s’est considérablement dégradée. Les efforts de conciliation ont fait place à une logique de confrontation. A l’aube de ce 3e millénaire, le monde danse sur un baril nucléaire. Jusqu’à quand ce fragile équilibre de la terreur résistera-t-il? Joker! mon Capitaine.

José Bessard

 

sommaire

Or donc...

4

De tous côtés, clignotent des signaux fort contradictoires en matière de sécurité, de défense nationale et de notre armée.

La chronique de MMG

5

Les stratèges et les politologues sont presque unanimes: 2017 est l’année de tous les risques.

Chronique fédérale

7

L’armée ne sera peut-être bientôt plus en mesure de remplir sa mission, faute de jambes et de bras.

Développement de l'armée

11

Défi majeur pour le brigadier Yvon Langel: reconstruire notre défense.

Programme d'armement

12

Les F/A-18 seront prolongés mais pas armés.

Rég ter 1

13

Bons échanges à l’HES-SO Valais entre le chef de l’Armée et les représentants de la société civile.

Avec l'ASSO

19

Avec la section de Genève, d’Yverdon-les-Bains et de Porrentruy-Ajoie.

Revue Notre Armée de Milice
Jean-Hugues Schulé
info@revue-nam.ch
+41 24 426 09 39